.Les oeuvres de Catherine Bernard laissent rarement l'observateur indifférent. Sans doute parce qu'elles sont plus que d'autres chargées
d'émotion. Une émotion qui affleure partout sur la surface sensible du papier. Ce papier qui est depuis les années 90 le matériau privilégié, pour
ne pas dire obsessionnel de l'artiste. Lissière et graveuse de formation,Catherine Bernard a su réunir dans ses travaux récents ces deux disciplines
pour produire une oeuvre singulière dans laquelle elle explore le potentiel quasi infini du papier. Un matériau qu'elle fabrique elle même afin
d'obtenir, le grain, la texture, la résistance ou la fragilité correspondant à l'expression recherchée. Car le papier n'est plus, dit-elle, seulement un
support mais "un élément constitutif du travail et du résultat artistique".Tantôt épais, tantôt diaphane, il est à la limite de la rupture avec les
"papiers d'eau", ou blessé comme un épiderme avec la série des "Ecorchés";mais le plus souvent il se révèle brodé d'une ligne de fil qui se fait
écriture muette et pourtant murmurante, s'offrant à la mémoire et à l'imaginaire du spectateur.
"Le travail de la matière textile puis la gravure m'ont amenée à m'interroger sur le papier. Simple support de l'image gravée au début, il est devenu peu à peu le parcours obligé de mes recherches sur la mémoire, individuelle ou collective, ressentie, écrite, imaginaire. Cette mémoire qui renaît dans chacun de mes travaux comme autant de tiroirs qui s'ouvrent à la moindre émotion."
Catherine Bernard